Comment gérer le stress en concert ?

On m’a demandé d’écrire un article sur ce sujet passionnant mais difficile à traiter.

Combien de fois dans la vie courante est-on soumis au stress, souvent lié au regard des autres et à la volonté de prouver ce que l’on vaut ?

La pratique instrumentale n’échappe pas à la règle.
Lorsque l’on joue en concert, il est légitime de vouloir jouer le mieux possible pour tenter d’impressionner, ou du moins de satisfaire son public.

Or c’est précisément lorsqu’on cherche à bien faire et qu’on ne se donne pas le droit à l’erreur que la pression a tendance à prendre le dessus et à être de plus en plus pesante.

Je ne suis pas psy et je n’ai pas de réponse universelle à la question suivante : « Comment gérer le stress en concert ? ».

Mais je vais tenter d’apporter quelques conseils basés sur mon expérience personnelle, et sur les nombreux cas que j’ai rencontrés tout au long de mon parcours musical.

Préparez-vous

Il n’y a rien de plus frustrant que d’arriver à un concert en sachant qu’on ne maîtrise pas les morceaux, qu’on a des doutes sur certains accords ou qu’on ne se souvient plus de la structure des morceaux.

On attend souvent le jour J pour réaliser qu’il est trop tard pour fournir le travail qui aurait dû être fait des jours voire des semaines avant.

A l’inverse, si vous faites en sorte que les morceaux soient parfaitement assimilés, que les choses importantes soient mémorisées et que les difficultés techniques ne soient plus des obstacles, vous serez beaucoup plus confiant le jour du concert.

Ayez une marge de sécurité au niveau des tempos

Les tempos des morceaux joués en concert sont souvent plus élevés que ceux des mêmes morceaux joués en répétition.

Par conséquent, si un morceau vous semble difficile parce qu’il est rapide, tenez compte du fait qu’en concert, il risque d’être encore plus rapide.

Il est donc judicieux de travailler ce genre de morceaux à un tempo 10 ou 15 battements par minute plus rapide que l’original.

Si vous parvenez à vous en sortir honorablement à un tempo accéléré de manière exagérée, vous aurez une marge de sécurité largement suffisante pour assurer le morceau à un tempo légèrement trop élevé.

Entrainez-vous devant votre famille ou vos amis

Une grande source de stress est la confrontation à des situations que l’on ne connaît pas.
Ce n’est pas forcément la situation elle-même qui est stressante, mais plutôt l’idée que l’on s’en fait par manque d’expérience.

Tentez de saisir toutes les occasions de vous produire en public.
Invitez des gens à assister à vos répétitions.
Jouez vos morceaux dans de mini-concerts face à vos amis ou votre famille.
Participez à des « bœufs » en public.

Le fait de mettre en place cette habitude de jouer devant des gens permet petit à petit de considérer comme normale cette situation d’exposition à un public, et non plus comme une situation exceptionnelle source d’un stress énorme.

Accordez-vous le droit à l’erreur et n’y accordez aucune importance

Tous les musiciens font des erreurs sur scène.
Mais s’ils n’y accordent pas d’importance, il est probable qu’ils seront les seuls à s’en apercevoir.

Ne pensez pas que votre public aura la même perception que vous de vos erreurs.
Les gens qui viennent vous voir en concert ne sont pas là pour décomposer ce que vous jouez en analysant chaque erreur ou chaque imprécision rythmique.
S’ils sont là, c’est simplement pour passer un bon moment à écouter de la musique live.

Par contre, si vous vous focalisez sur vos erreurs ou vos fausses notes, vous allez rendre ces dernières évidentes aux yeux du public.
Je dis bien « aux yeux » du public, parce que 9 fois sur 10, ce n’est pas votre fausse note qui attirera l’attention du public mais la grimace que vous aurez faite au même moment.

Or, si vous faites comme si de rien n’était, vous vous apercevrez probablement que personne à part vous et les autres musiciens n’est perturbé par votre erreur.

Donc, si vous-même vous n’accordez donc pas d’importance à vos erreurs, il est fort probable qu’elles n’en auront aucune.

Amusez-vous

Les concerts les plus mémorables pour le public ne sont pas ceux qui sont parfaits techniquement.
Les plus mémorables, ce sont ceux où les gens ont eu l’impression d’un partage avec l’artiste.
Ce dernier leur a transmis une énergie positive, et cette énergie est perçue comme 100 fois plus importante que les éventuelles failles techniques ou musicales.

Ainsi, un mauvais musicien peut faire passer un très bon moment à son public, et à l’inverse, un excellent musicien peut lasser, voire endormir son public parce qu’il se contente de jouer ses notes de manière parfaite et mécanique, sans interaction avec ses spectateurs.

Faites donc abstraction des difficultés de vos morceaux, de votre timidité ou de votre manque d’assurance.

Concentrez-vous sur le fait de vous amuser sur scène. Prenez plaisir à jouer vos morceaux, et à transmettre votre musique à votre public.

Si vous vous amusez, il est probable que ce plaisir sera communicatif, et le reste aura beaucoup moins d’importance.

Donc si vous vous êtes bien préparé pour votre concert, que vous avez pris l’habitude de vous confronter aux regards extérieurs, que vous n’accordez pas d’importance à vos éventuelles erreurs et que vous prenez plaisir à être en concert, le stress n’aura peut-être pas disparu, mais il sera beaucoup plus supportable et ne vous fera plus perdre vos moyens.

Et vous, comment gérez-vous le stress en concert ?